Nous nous sommes embarqués dans un drôle de périple, tous ensemble, à naviguer sur les flots orientaux, tentant de renverser le cours du vent.
Cap sur le soleil levant. Tous les matins, l’astre solaire nous montrait le chemin.
À chaque nouvelle escale, de nouveaux passagers rejoignaient le navire, attirés par le bouche à oreille parfois favorable, souvent critique, mais rarement silencieux. D’une poignée de matelots sur un petit quinze mètres, nous avons dû agrandir, élargir, renforcer, contrôler, affiner, pour accueillir les milliers d’hôtes qui nous accompagnaient dans notre aventure. Un peu comme le Titanic en somme, mais sans Di Caprio. Et les seuls icebergs qui nous barraient le paysage avaient des têtes de renard à neuf queues, les bougres.
Nous voguions tranquillement, vous dans les cabines, nous sur le pont, tout en refaisant le monde autour d’une table de café en forme de dièse sur un air pourtant mineur.
Mais à force de toujours voguer vers le levant, nous commencions à revoir les mêmes paysages, les mêmes teintes, les mêmes odeurs. L’attrait de la nouveauté commençait à s’estomper, nos traits se raidissaient devant l’ampleur des tâches à accomplir, pourtant balayées du revers de la main au début de notre périple.
Nous avons donc pris une décision. Difficile, certes, triste pour certains, heureuse pour d’autres, mais voici notre choix : le navire nerae jette l’ancre pour de bon. Terminus, tout le monde descend. La fin d’un très long voyage. Plus de six ans pour les plus anciens, et quelques mois pour les plus jeunes ; ce n’était pas l’ancienneté qui nous importait, mais la camaraderie, et ce même objectif oriental.
Avec tout ce monde, nous avons pu affronter moult obstacles et faire face à tous les aléas de la vie, du plus joyeux des moments (toutes mes félicitations encore une fois, au nouveau papa) comme du plus terrible (on pense aussi à toi).
Ce fut un immense plaisir de voyager en votre compagnie. Nous plantons le drapeau là où nous sommes. Libre à vous de continuer à le porter plus loin vers l’orient.
Bon vent.
Quant à nous, jadis vétérans de l’art, nous pouvons enfin nous tourner vers l’occident, et commencer à profiter des couchers de soleil.